Extrait du Petit Journal du 1er septembre 1914

Extrait du Petit Journal du 18 septembre 1914

Extrait du Petit Journal du 19 septembre 1914

 

 

Extrait de l’illustration n°3734 du 26-09-1914

 

VERS   LA  BATAILLE   DE   L'AISNE

 

NOTES   DE   ROUTE

 

De tous ces épiques combats où les nôtres, acharnés à bouter hors de France les hordes des Barbares, dépensent sans compter l'héroïsme et versent si magnanimement leur sang, nous ne connaîtrons la farouche beauté que par les récits mêmes de ceux qui y tiennent un rôle glorieux. Nul spectateur passif de tant de vaillance et de tant d'abnégation. Et ceux qui, le plus ardemment, souhaiteraient de pouvoir témoigner des hauts faits que chaque jour voit s'accomplir, sont tenus à l'écart du champ de bataille. C'est très loin en arrière qu'il leur faut aller, le long des routes, recueillir la trace des vertus de ceux qui luttent et succombent pour la Patrie. Encore doivent-ils s'y aventurer furtivement, car les chemins sont bien gardés.

 

LA   GUERRE

LA   BATAILLE   DE   L'AISNE

 

Nous laissions, dans notre dernier bulletin des opérations, les troupes allemandes en pleine retraite, à la suite de la bataille de la Marne.

Dans les premiers jours de la semaine dernière, sous la pression énergique des armées alliées ce mouvement de recul s'est poursuivi très rapidement. Les Allemands s'arrêtaient pour faire tête sur une ligne limitée par la rive droite de l'Aisne et les hauteurs entourant Reims, au Nord. Ce mouvement de repli de l'aile gauche entraînait le fléchissement très net des troisième et quatrième armées, commandées par le prince de Wurtemberg et le kronprinz. A la date du 15, cette dernière occupait la ligne Varennes-Consenvoye.

Alors commençait la troisième grande bataillé de la campagne. Elle s'engagea vers Soissons., Craonne, puis s'étendit bientôt sur tout le front, de l'Oise à la Meuse.

L'ennemi est maintenant sur la défensive, occupant des positions bien organisées et armées d'artillerie lourde qu'il faut enlever au prix d'efforts intenses et prolongés. Notre progression en avant ne peut être que lente et difficile. Mais jusqu'à l'heure où nous écrivons elle a été constante.

La grosse action se déroule sur l'Aisne et dure, maintenant, depuis plus de huit jours. Nous conquérons le terrain pied à pied. Nous avons ainsi, malgré là résistance acharnée de l'ennemi, contraint d'amener des renforts de Lorraine, occupé tour à tour toutes les hauteurs de la rive droite de l'Aisne, gagnant vers l'Oise et Noyon; et pris pied sur le plateau de Craonne.

Dans l'Argonne, le kronprinz accentue son mouvement de retraite. Nous avons réoccupé Souain, puis Mesnil-les-Hurlus, puis Massiges.

En Woëvre, malgré ses efforts violents, l'ennemi n'a pu s’emparer des « Hauts de Meuse »

A notre droite, de petites colonnes allemandes ont de-nouveau franchi la frontière et réoccupé Domèvre, près de Blamont.

Mais évidemment le plus haut fait de la semaine est, pour les Prussiens, le bombardement de la cathédrale de Reims, acte de basse vengeance, de colère et de haine, «acte allemand», selon l'expression inoubliable d'un journal anglais.

En Belgique, les Allemands continuent d'être harcelés sans trêve et sont obligés de demeurer en force.

En Galicie, les Russes poursuivent leurs avantages, traquant les arrière-gardes autrichiennes et les décimant. Le dernier communiqué de Pétrograd annonce que les ouvrages de Jaroslaw ont été enlevés et que Przemysl, sur le San, est en train d'être investi. Cracovie est ainsi menacée.

Dans la Prusse orientale, les forces russes se replient en bon ordre pour se reformer.

Enfin, on signale une importante victoire des Serbes près de Kroupagné, sur la Drima, après une bataille de plusieurs jours.

 

 

 

Tiré de l’illustration n°3735

 

  Communiqué du 29 septembre 1914

 

A l'Ouest de l'Argonne, jusqu'à Reims le front occupé par nos troupes s'étend à travers la Champagne rémoise, d'abord zone de collines crayeuses très accidentées, parsemée de petits bois de pins, puis vastes plaines aux horizons sans fin où se multiplient les pinèdes jalonnées de rares villages, jusqu'aux abords de Reims.

Ici les données sont vagues. Nous occupons les avancéesde Reims, termee que l'on peut difficilement expliquer si nous ne connaissons pas l'orientation de ces avancées. Mais nous devinons mieux la disposition de nos troupes au Nord-Ouest de la ville ; leurs avant-gardes tiennent la route de Laon jusqu'à Berry-au-Bac où l'Aisne, sortant de la plaine, entre dans le couloir du Soissonnais. Nos lignes se poursuivent jusqu'au pied des hauteurs de Craonne conquises au prix de tant d'efforts.

Là, brusquement, la ligne du front se replie à l'Ouest pour épouser l'étroite arête d'une singulière horizontalité qui, pendant vingt kilomètres, domine la vallée de l'Ailette au Nord, tandis qu'au Sud elle s'étend vers l'Aisne en tentacules séparant les multiples vallons du Soissonnais aux flancs escarpés, coupés de carrières, dont les Allemands ont fait des défenses formidables. Cette arête de Craonne est si régulière et plane que le chemin qui la parcourt en vue des horizons immenses du Laonnois a pris le nom de chemin des Dames. Cette chaussée est comme le chemin de ronde de la fortification naturelle, haute de cent mètres, dont l'Ailette est, le fossé.

A partir de la route de Soissons à Reims, où le chemin des Dames aboutit, le plateau, la pénéplaine, du Soissonnais s'élargit. Là passe la ligne de nos avant-postes dont le jalonnement est laissé dans le vague par le communiqué de l'état-major. Elle atteint l'Oise au-dessous de Noyon où nous paraissons tenir le vaste prolongement de la forêt de Compiègne qui porte le nom de forêt de Laigne, — et non de l'Aigle.

Sur cet immense front de l'Argonne à l'Oise, la bataille se poursuit avec avance progressive pour nous. Plus à l'Ouest, entre l'Oise et la Somme, elle atteignait mardi et mercredi toute son intensité. Il serait malaisé de tracer exactement les fronts d'après les indications de l'état-major. Si nous sommes à Ribécourt, sur l'Oise, en aval de Noyon et à Roye, sur le chemin de fer de Mont-didier à Péronne, on signale l'ennemi à Lassigny, entre Roye et amples et placides jusqu'au gros bourg de Combles qui précède Péronne.

Cette disposition singulière des armées révèle que, sur cette extrême aile gauche, non loin de la plaine où Faidherbe remporta sa victoire de Bapaume, la lutte se poursuit avec acharnement. Ce n'est plus la bataille de l'Aisne qui s'y poursuit, mais la bataille de la Somme.

ardouin-dumazet.

 

 


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